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Interview de Mélody le Douce,
Co-fondatrice de Mâtcha

Nous avons rencontré Melody le Douce, la co-créatrice de Mâtcha.

La marque Mâtcha est née d’un duo de designers, tous deux issus d’une formation initiale en design d’objet. Ensembles dans la vie et dans le travail, Geoffrey Berniolle est spécialisé en graphisme, alors que Mélody le Douce est décoratrice d’intérieur et coloriste.

Initialement, la marque était spécialisée dans la création de petits objets de décoration : lampes, affiches, ou les emblématiques Zoorigamis : des trophées d’animaux en papier construits sur l’idée d’origami ; progressivement, le couple a étendu son offre afin de répondre à des projets plus globaux. Une belle alliance de compétences et de créativité que Mélody a accepté de nous raconter.

#1 Histoire d’une création de marque de design global

Agathe de Kermenguy : Comment avez-vous créé Matcha? 

Mélody le Douce : Lors de notre dernière année d’étude, Geoffroy a participé à un concours de graphisme qui supposait d’être à son compte s’il gagnait le concours. Je lui ai dit : “si tu crées ton entreprise, je me lance aussi !”. Ce fut le cas, nous nous sommes donc chacun mis à notre compte; Geoffrey en tant que graphiste illustrateur et moi en tant que décoratrice d’intérieur. 

Comme nous avions des compétences complémentaires pour la création d’objet, les mettre en commun nous a rapidement semblé pertinent. Geoffrey concevait déjà des affiches ; nous avons donc commencé à élaborer une gamme d’objets. Au début, ce n’était que des objets de décoration : affiches, bougies, lampes, ou les “Zoorigami” (trophées d’animaux en papier conçus dans l’idée d’origamis). 

Dans un second temps, on a voulu intégrer à ces objets une offre de service pour nos clients afin de répondre à des projets plus globaux. Cela va du service de création d’objets, au graphisme, en passant aussi par la décoration d’intérieur. Cette approche nous a permis d’accéder à d’autres types de missions. Par exemple, nous avons récemmenti réalisé une prestation pour une cordonnerie à proximité de Nantes. Nous avons élaboré à la fois le design de la boutique (identité visuelle, l’agencement, la décoration intérieur) , l’esthétique et l’identité de l’entreprise. À terme, c’est le type de projet qu’on aimerait avoir régulièrement car ça nous plaît.

AK Je trouve que le fait de penser vraiment un projet global est très intéressant. 

Comment avez-vous choisi le nom ?

MLD Ce nom n’a pas une grande signification ni une grande histoire. Nous voulions qu’il soit à la fois court et qu’il sonne bien. Pour ma part, j’appréciais tous les noms connotés qui évoquent l’appartenance, du style “apache”, “tribu”, mais il y avait déjà beaucoup de marques dans ce style.

Le nom est venu par hasard. Nous avions nommé chacune des têtes de Zoorigamis d’après les couleurs du nuancier de couleur. L’une d’entre elles était intitulée « vert mâtcha ». Quand on est tombés dessus, ça a fait tilt. On trouvait que ça sonnait bien ; c’était à la fois court et ça correspondait à l’idée de « matcher », ce qui faisait échos à notre manière de travailler ensemble. On est donc parti sur Mâtcha.

AK Au départ, tu faisais des études de design d’objet, pourquoi t’être redirigée vers de la décoration d’intérieur ?

MLD Mon goût pour la décoration d’intérieur est né progressivement. Après mon BTS en design de produits, j’ai continué par une licence «design et arts de vivre», car le cursus comportait une option «couleur, matière, lumière». Cela m’a fait réaliser que c’était véritablement le travail de la couleur qui m’attirait.

J’étais déjà attirée par la décoration depuis un moment, sans penser que j’en ferai mon métier. C’est lors d’un stage chez des architectes d’intérieur que j’ai confirmé mon attrait pour ce métier. Le travail de la couleur m’apporte vraiment beaucoup de satisfaction aujourd’hui.  Je suis designer d’intérieur, mais surtout coloriste.

#2 Se lancer comme indépendant

AK Comment avez-vous appris à construire votre entreprise, à vous vendre ? L’avez-vous appris seul ou vous êtes-vous fait accompagner ?

MLD Les problématiques de la création d’entreprise sont de vrais sujets quand on débute comme indépendant. À la sortie de nos études, nous n’avions aucune connaissance sur le sujet. On a dû apprendre à gérer les  aspects administratifs, à apprendre comment fonctionne la comptabilité, à comprendre les différents statuts que peut prendre une entreprise… c’était très challengeant mais comme nous étions deux c’était un peu plus facile.

S’agissant de la vente, aller chercher les premiers clients a été un gros challenge. Faire du démarchage n’est pas quelque chose que l’on apprend à l’école, mais il a fallu s’y mettre. Quand on n’a pas d’expérience, c’est difficile de connaître sa valeur, de fixer des prix et  de se mettre en avant. Au début, on a beaucoup travaillé notre notoriété sur les réseaux sociaux, afin de faire connaître le site internet;  en réalité, on ne peut pas échapper au démarchage quand on commence, car dans ce domaine c’est surtout le bouche à oreille qui fonctionne.

Mes premiers clients m’ont sollicitée pour des conseils en décoration. C’étaient des petits projets : je ne faisais pas tout le suivi de chantier, mais ça a été une première étape, qui, avec le recul, me semble avoir été très longue : environ 2 à 3 ans.

ADK Penses-tu qu’il est plus facile de s’épanouir professionnellement en tant  qu’indépendant plutôt qu’en tant que salariée ?

MLD Je peux difficilement comparer, car je n’ai jamais été salariée dans mon domaine d’expertise. Toutefois, dans mon métier, pour avoir des jobs intéressants, il faut soit travailler dans de grosses entreprises à Paris/à l’étranger, ou alors chez des indépendants. Comme nous ne voulions pas aller à Paris, qu’il est difficile de trouver un poste chez des indépendants et que je ne souhaitais pas renoncer à mes compétences, être à mon compte était la meilleure option.

Être indépendant, c’est énormément de travail et d’investissement. Quand on se lance, on ne peut compter que sur soi ; il faut donc dépasser ses peurs, même si c’est difficile. Ce travail m’a permis de gagner beaucoup en assurance. Au début,  lorsque je faisais un devis et qu’il était refusé ou que je n’avais plus de nouvelles, ça m’affectait. Je me posais beaucoup de questions ; je cherchais  ce que j’avais fait de travers. Aujourd’hui, j’ai pris beaucoup de recul sur mon travail. On prend rarement le temps de se poser pour faire le point sur ce qu’on a accompli. Mais quand je regarde le chemin parcouru avec Geoffrey, le fait qu’on soit 100% à notre compte tous les deux, que nous vivons de notre travail, je trouve  ça super satisfaisant.

#2 Créativité

AK Comment fais-tu pour trouver de l’inspiration sur tes projets ; Est-ce que vous vous coordonnez avec Geoffrey ou est-ce un travail solitaire?

MLD Nous souhaitons rester tous les deux experts dans notre domaine : Geoffroy gère les projets de graphisme et moi la déco. Cependant, à chaque fois qu’on en a l’occasion, on s’aide mutuellement. On a chacun notre univers et c’est donc toujours très intéressant d’échanger. Geoffroy a des inspirations plus street art, ce qui est un univers que je connaissais peu. Personnellement, je suis davantage inspirée par des thèmes ethniques, colorés et végétaux. Mais d’une certaine manière, nos goûts respectifs se recoupent, de sorte qu’on travaille bien ensemble.

Pour trouver de nouvelles idées, j’utilise énormément Pinterest qui est un formidable vivier d’inspiration. Je réalise également de la veille pour me tenir informée des dernières tendances et des travaux des artistes que j’aime.

Les clés de la créativité, c’est un travail au quotidien. Il y a des jours avec et des jours sans. Ce qui est important, c’est de la nourrir en permanence en rencontrant d’autres personnes, en sortant de son univers pour voir autre chose.

AK As-tu parfois des pannes d’inspiration ?

MLD Non, je n’ai pas vraiment le syndrome de la page blanche ! Au contraire, j’ai souvent plein d’idées et je commence parfois même à travailler sur un projet alors que le devis n’est pas signé. Je me projette facilement.

Mes problématiques sont souvent autres : parfois j’ai des idées mais je sais que je ne vais pas pouvoir les réaliser telles quelles, car le client a des attentes particulières. Avec les années, l’avantage est que les gens qui viennent me voir connaissent bien mon style et c’est justement cela qu’ils recherchent, ce qui me permet d’avoir une grande liberté.

AK As-tu de nouvelles idées d’objets ?

MLD Oui, souvent ! Le problème avec les objets, ce sont les contraintes en termes d’espace pour les stocker et de financement pour les réaliser.

On aimerait bien faire plus de textile. On a sorti quelques coussins, des couvertures tissées, quelques tentures. Avec les luminaires, on réfléchit aussi à de nouveaux modèles. On n’est jamais en manque d’inspiration. 

Dans un sens, les contraintes de fabrication aident à la créativité : ça repousse les limites. Tu te dis : “ce n’est pas faisable de cette manière, donc comment peut-on le faire autrement ?” Par exemple, je pense à la céramique ; c’est un peu anecdotique, mais j’essaie actuellement de concrétiser  un projet. J’avais une idée en tête, mais finalement avec l’aide de ma formatrice, je suis arrivé à un objet tout autre. 

Se confronter aux autres, ça permet souvent de valider, d’infirmer ou trouver d’autres idées.

AK Pour terminer, est-ce qu’il y a une artiste qui t’inspire, une designer, une décoratrice qui est un modèle pour toi ?

MLD J’ai plusieurs coups de cœur. Actuellement, je m’inspire beaucoup de Maddy. C’est une artiste peintre française qui vit au Portugal. Elle réalise des toiles abstraites et construit des partenariats avec des marques de papiers peints que j’aime beaucoup. C’est le genre de projet que j’aimerais bien faire à terme ; pouvoir créer des motifs, une palette de couleurs pour une marque. Je trouve que c’est super stimulant.

La marque LRNCE m’inspire beaucoup actuellement ; c’est un studio de design marocain qui crée des tapis, des tentures et de la céramique.

La dernière actu de Mâtcha

En janvier 2023, Melody et Geoffrey ont réalisé une grande fresque murale, de 10m de long, pour le groupe SNCF immobilier. La fresque a été peinte dans leurs nouveaux bureaux, à destination des salariés. La composition réalisée est un ensemble dynamique et coloré, de formes géométriques et de monuments nantais stylisés.

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